Mont Chétif, depuis Dolonne
Introduction
La petite ferrata qui sécurise l'accès au Mont Chetif est toute concentrée dans les dalles au-dessus du mur d'escalade de Dolonne et se termine sous le belvédère. Pour sécuriser le sentier qui relie le hameau aux bois et prairies qui le surplombent, une centaine de mètres de chaîne et quelques dizaines de marches en fer ont été posées. Dans les parties les plus glissantes, les marches taillées dans la roche par les habitants de la vallée sont encore bien visibles. Passé ce court tronçon rocheux, la ferrata devient un agréable sentier qui grimpe jusqu'au sommet, interrompu de temps à autre par de très courtes équipées. Les chaînes sont en fer, avec des maillons de 4 mm d'épaisseur, et l'on traverse au cours de l'ascension deux petits ponts en bois de quelques mètres de long qui permettent de franchir deux fissures dans le rocher.
Description
Le sentier débute à l'entrée du parking nord des arènes de Dolonne. Il traverse une prairie rase et au pied d'un bouquet d'arbres se trouve une plaque, flanquée de deux petits menhirs, commémorant l'année de construction de la ferrata. Un peu plus loin, on pénètre dans le maquis de feuillus parsemé de l'orange des lys martagon et des fleurs blanches du sceau de Salomon. On marche dans l'ombre fraîche de la forêt jusqu'à ce que l'on rejoigne le sentier beaucoup plus large qui monte le long des pâturages vers le mur d'escalade. Arrivé au pied des dalles inclinées où sont marquées les voies d'escalade, on tourne à gauche, on descend de quelques mètres et on suit le chemin plat qui longe les terrasses jusqu'à la balise indiquant le début des déviations de la ferrata. A partir de ce point, le sentier prend de l'altitude et monte en lacets réguliers parmi les feuillus qui commencent à se raréfier et quelques rares mélèzes. On traverse un éboulis où le sentier s'élargit, on passe une grande cavité dans la roche, formée par un toit qui dépasse de quelques mètres, où l'on peut s'abriter en cas de mauvais temps, et peu après on trouve les premières chaînes.
La ferrata commence par une longue traversée vers l'est, interrompue plus ou moins au milieu par un petit pont en bois de quelques mètres de long qui traverse une fissure dans la roche. Les chaînes ne sont pas indispensables à la progression, mais ont rendu l'itinéraire plus sûr, car il était utilisé par les alpinistes pour accéder aux pâturages situés au-dessus. Des marches ciselées dans la roche tendre pour franchir les passages plus glissants sont encore visibles, surtout dans la partie basse. À la fin de la traversée, le sentier monte entre les rochers brisés et la végétation clairsemée typique des lieux arides jusqu'à atteindre une forêt de conifères, que l'on traverse sur le trottoir creusé dans le sol pierreux colonisé par les mélèzes. Sur les vieilles dalles, une épaisse couche d'aiguilles tombées en automne étouffe le bruit des pas et l'odeur balsamique de la résine emplit les poumons. Un peu plus loin se trouve le premier des nombreux points de vue que l'on rencontre lors de l'ascension vers le sommet. Encadrée dans les parois rocheuses, une fenêtre s'ouvre soudain sur le massif du Blanc, qui couvre le secteur allant du Pic della Brenva au glacier d'Entrèves et se termine par les Grandes Jorasses. Tout au long de l'ascension se succéderont des vues splendides sur le gris des parois rocheuses, le blanc éclatant des neiges et le bleu intense du soleil jusqu'au superbe panorama à 360 degrés qu'offre le sommet du Mont Chetif, mais la première vue sur le massif du Mont Blanc, avec les flancs sombres des montagnes de part et d'autre, ponctuée par le vert des conifères et dominée par le bleu intense du ciel, laisse un souvenir indélébile dans les yeux.
Nous poursuivons le sentier qui monte sur le flanc est avec une pente modérée entre les mélèzes et quelques sapins jusqu'à un ravin lisse mais très raide que nous franchissons à l'aide d'une douzaine de marches, traversons un pierrier et arrivons au pied d'une dalle très courte au bout de laquelle se trouve un petit pont de bois de quelques mètres qui franchit un creux dans le sol. La partie équipée se termine un peu plus loin par un mur de trois mètres de haut qui permet d'accéder au belvédère supérieur. Quelques chaînes suivent pour vous aider à remonter deux raides ravins puis une courte section à mi-chemin de la traversée sous le sommet, mais les difficultés techniques sont maintenant derrière vous.
Au détour d'un virage en épingle à cheveux, le sommet du Mont Chetif avec sa statue de la Vierge Marie se détache entre les branches d'un sapin, et plus loin, on rencontre quelques rochers parsemés de lichens, avec le massif du Mont Blanc en arrière-plan, et un peu plus loin, le tronc d'un mélèze patiné par les intempéries. Sur ses cernes de croissance, les dates des principales ascensions du groupe du Mont Blanc sont indiquées par quelques plaques.
A la jonction avec le sentier qui monte du Pré De Pascal, prendre à gauche et poursuivre à mi-pente des pentes raides et exposées à la base de la tour sommitale. À peu près à mi-parcours, on trouve un banc de roches brisées d'une vingtaine de mètres de long, équipé de chaînes, que l'on suit vers le bas jusqu'à ce que l'on arrive en vue d'un répétiteur. À partir de là, le sentier monte tout droit en direction du col, la pente diminue progressivement et, soudain, le sommet du Mont Blanc de Courmayeur apparaît entre les rochers et les rhododendrons. On rejoint bientôt la jonction avec le sentier qui monte de la Comba Dzeleunna et on poursuit le long de la crête jusqu'à atteindre le sommet d'où l'on peut jouir d'un panorama à couper le souffle. La vue englobe tout le Val Veny avec le col de la Seigne et le glacier de Miage, le massif du Mont Blanc, le Val Ferret et la vallée de Dora Baltea jusqu'à Pré Saint Didier, avec au loin le pic isolé de la Grivola. Près du sommet se trouve une plaque sur laquelle sont indiqués les sommets les plus importants et la distance des principales villes. En continuant vers l'est sur quelques dizaines de mètres, on arrive au pied de la statue dédiée à la Madone qui domine Courmayeur.
La ferrata a été équipée en 1986 dans le cadre des célébrations du 200e anniversaire de la première ascension du Mont Blanc. La même année, le pape Jean-Paul II a célébré l'Angélus depuis le sommet du Mont Chétif.