Ru Marseiller, depuis la centrale d'Antey-Saint-André
Introduction
Cet itinéraire est une agréable et longue promenade qui vous conduira, accompagné par l'eau du ru, du torrent Marmore à Valtournenche aux flancs ensoleillés de la vallée centrale sillonnée par la Dora Baltea. Le dénivelé réparti sur la longueur totale de douze kilomètres est insignifiant, de sorte que ceux qui le souhaitent peuvent partir soit d'Antey-Saint-André, soit de Saint-Denis ou de Verrayes, en profitant des points où le tracé du ru est croisé par la route régionale. Le sentier n'est pas nettoyé régulièrement, il est donc conseillé de le parcourir pendant les mois d'hiver, lorsque la végétation est au repos.
Seul le sentier est nettoyé régulièrement.
Description
Après avoir laissé la voiture sur le parvis de la microcentrale hydroélectrique de la commune d'Antey-Saint-André, on traverse le pont qui enjambe le torrent Marmore et on s'engage sur le chemin herbeux qui suit son cours en amont. On contourne la clôture délimitant les ouvrages de prise d'eau de l'aqueduc de Saint-Vincent et après une courte montée on croise le tracé du ru. Je conseille à ceux qui ne sont pas particulièrement pressés de suivre son cours en amont jusqu'à ce qu'ils atteignent le dessableur et l'ouvrage de prise d'eau, qui ne se trouvent pas à plus de 10 minutes. Il n'y aura pas de vues à couper le souffle ni d'aperçus agréables des eaux courantes du canal, car ce tronçon est presque entièrement canalisé et longe désormais le fond de la vallée, mais les courtes déviations lui permettront de découvrir les solutions techniques adoptées pour capter et nettoyer les eaux du ruisseau Marmore des sédiments plus grossiers qui auraient tendance à ensabler le canal au fil du temps. Après avoir visité les ouvrages de prise d'eau, nous revenons sur nos pas et parcourons le tronçon typique du ru de Marseiller : un canal en béton armé en forme de U, d'une soixantaine de centimètres de large et d'autant de profondeur, avec deux accotements d'un peu plus d'une portée. En aval de la conduite se trouve le chemin de service, autrefois parcouru quotidiennement par le garde du ru, chargé de surveiller l'intégrité de l'ouvrage et de réprimer les vols d'eau. Malheureusement, avec le temps, les broussailles ont envahi une grande partie de ce chemin, et en attendant un nettoyage vigoureux, on se retrouve souvent à marcher sur l'accotement du canal. C'est dommage, car la variété du paysage, le dénivelé modéré et l'ombre des châtaigniers et des chênes en feraient un parcours idéal pour les enfants, les personnes âgées et les randonneurs qui apprécient les itinéraires peu exigeants avec un faible dénivelé. Après un premier tronçon à l'ombre des feuillus, nous atteignons rapidement le tronçon du canal suspendu, où l'eau coule dans de grands caissons en tôle rouillée surélevés de quelques mètres au-dessus du sentier. De loin, ils font penser à de longs trains de marchandises, immobiles sur une voie morte dans l'attente de la locomotive. On les longe jusqu'au bout de la clairière, puis on rentre à l'ombre des châtaigniers et, après avoir passé en amont du village de Chessin, on traverse le chemin qui monte à Berzin. De là, il ne reste plus qu'une courte distance jusqu'à la paroi rocheuse, que la rigole traverse à l'intérieur d'un conduit en plastique noir. C'est le passage le plus difficile et le plus dangereux de toute l'excursion : il faut procéder avec beaucoup de prudence en se tenant en équilibre sur le conduit, en tenant compte du fait que la paroi rocheuse en amont est souvent humide et qu'en cas de glace, son franchissement devient extrêmement risqué. Après avoir franchi le passage critique, qui donne aux jambes une petite poussée d'adrénaline, on arrive en amont à la centrale hydroélectrique de Covalou : la plus grande des quatre centrales qui exploitent le bassin de la rivière Marmore. Ses turbines peuvent laisser passer jusqu'à 10 mètres cubes d'eau par seconde ; entre les cimes des châtaigniers, on aperçoit clairement à ses pieds le réservoir de compensation, d'où part la conduite forcée qui, grâce à un tunnel creusé sous la montagne, quitte Valtournenche pour aboutir à la centrale du Breil, sur les rives de la Dora Baltea. Plus loin, dans un coude du canal, en faisant demi-tour, on aperçoit au loin la Punta Cian (Tzan, Tzam), d'où descend une partie de l'eau qui alimente la centrale, en passant dans le siphon de la Fiernaz. Le sentier se rapproche de plus en plus de la paroi rocheuse et, après un panneau rouge/blanc bien visible peint sur la roche, qui, dans le Val d'Aoste, délimite la frontière entre les bois publics et les bois privés, on arrive à un tronçon de quelques dizaines de mètres de long, partiellement taillé dans la paroi. On le parcourt en baissant la tête, non pas en signe de révérence pour l'audace des bâtisseurs : de l'autre côté de la vallée, on peut voir les restes du ru du Pan Perdu à Châtillon, beaucoup plus imposants, mais à cause du toit rocheux qui réduit à un peu plus d'un mètre l'espace libre au-dessus de la rigole. On passe la carrière de marbre, puis on entre dans la vallée centrale avec un large virage à droite. Les flancs de la montagne deviennent moins abrupts, la végétation de pins et de chênes pubescents dénotant clairement le climat chaud et sec de l'adret, la partie la plus ensoleillée de la chaîne montagneuse, contrastant avec l'envers, le côté plus humide et moins ensoleillé. Ici, le canal s'inscrit dans un profil métallique en "V", tantôt enterré, tantôt légèrement surélevé par rapport au chemin. Il domine le village de Châtillon avec ses trois châteaux : celui du Passerin d'Entrèves, construit en amont de l'église, celui du Baron Gamba, construit en 1911 et, de l'autre côté de la Doire, le château d'Ussel, construit sur un éperon rocheux au XIVe siècle. En suivant le tracé du ru, on passe quelques parafranes en aval et en s'approchant lentement du château de Cly, on trouve encore quelques vestiges de l'ancien canal : un mur de soutènement en pierres sèches et un petit pont en arc traversant l'un des rares ruisseaux qui coulent sur le flanc aride de cette partie de la vallée. Après avoir atteint le village de Plantery, à la verticale du château de Cly, on traverse la route régionale et on continue jusqu'au pied du village de Gubioche parmi les pâturages parsemés d'arbres fruitiers. Puis on rentre dans le maquis et après avoir franchi le ruisseau de Chambave par un double virage en épingle à cheveux, on traverse une vallée humide sillonnée de plusieurs petites cascades. Le canal change alors à nouveau d'aspect : la section classique en béton alterne avec une section en fer suspendue à de petits supports en béton. À quelques centaines de mètres de la fin du ru, dans un virage coupé par le nouveau tracé, on trouve un court tronçon de l'ancien lit du canal, aujourd'hui envahi par la végétation, et l'une des écluses en pierre qui servaient à réguler le débit de l'eau. Quelques pas de plus et après avoir traversé la route goudronnée, en amont du village de Marseiller, on arrive à la fin du ru, au sentier qui monte vers la colline de San Pantaleone. Curiosité Par acte dressé par le notaire Petrus de Rovarey de Fenis, le 24 août 1423, le noble Claudius Vaudan, député château du mandement de Cly, au nom et pour le compte du Très Illustre Prince Amadeus (VIII) Duc de Savoie, concède aux seigneurs convoqués au verger du château de Cly et aux habitants des paroisses de Verrayes et de Saint Denis toutes les eaux (1) qui coulent dans le torrent de Valtournenche depuis la montagne du Cervin ainsi que depuis la vallée de Cignana et d'Oyter et depuis les autres montagnes qui s'étendent de Corieron à Supperii, ainsi que toutes les sources qui coulent dans les limites susmentionnées, à condition qu'elles n'aient pas été données auparavant à d'autres personnes par notre Seigneur Duc ou par ses prédécesseurs. Dix ans plus tard, en 1433, le duc Amadeus de Savoie ratifie cet acte à Thonon. (1) "... Totam aquam descendentem et labentem de torrente vallis Tornenchioe, videlicet tam de monte Servino, de torrente de Chiniana, de Oytero quam de aliis montibus existentibus a loco de Corieron usque ad locum de Suppery et a fondo dicti torrentis montis Servini ascendendo directe usque ad summitatem montium a parte mandamentorum Quarti et nusii et ex hinc tendendo directe per summitatem montium usque ad dictum locum de Suppery et a dicto loco de Suppery tendendo directe inferius usque ad fondum dicti torrentis montis Servini una cum omnibus acquis fontium nascentium infra dictos confines, aliis personis per dictum Dnum nrum Ducem seu ejus predecessores dudum non datis ...."
L'homme et la femme
Bibliographie
- Maria Cristina Ronc, [[La Vallée du Cervin]], CDA, Turin, 1990
- Vescoz Pierre-Louis, Quelques notes sur la Commune et la Paroisse de Verraye..., Aoste 1995
Cartographie
- Cervino-Cervin et Mont Rose, feuille 5, échelle 1:50.000, Istituto Geografico Centrale
- Communità Montana Monte Cervino, feuille 2, échelle 1:25 000