Abbaye de Novalesa
Introduction
La visite est guidée.
Description
L'abbaye de Novalesa est aujourd'hui un monastère où un groupe de moines prie et travaille : pour ceux qui y arrivent, elle semble isolée, une oasis en dehors de ce monde convulsif qui est le nôtre. Pour bien comprendre sa fonction dans le passé, il faut le situer dans l'époque historique où il a été fondé. Tout d'abord, il est situé sur une voie de communication très importante, sur la Via Francigena, juste en dessous du col du Moncenisio, et donc il hébergeait les pèlerins en leur donnant un toit, une table, un lit, sans distinction de croyance ou de nationalité, ainsi qu'un réconfort religieux si nécessaire ; puis c'était aussi un lieu d'éducation.
Aujourd'hui, la Novalesa dispose d'une bibliothèque de 30000 volumes avec des sections d'intérêt particulier, organise des réunions d'étude et des conférences, dispose d'un atelier populaire, qui travaille à la restauration de livres et de documents anciens. Au VIIIe siècle, la région du val de Suse, avec le Mont Cenis et la Haute Maurienne, est soumise au règne des Francs et borde le royaume lombard qui s'étend jusqu'au Chiuse, à la hauteur de la Sacra di San Michele. La fondation de l'abbaye fut décidée par Abbone, gouverneur de la région, dans un document daté de 726, conservé aux archives d'État de Turin ; en échange de prières pour lui-même, avec l'accord des autorités religieuses de l'époque, il fonda sur un terrain lui appartenant un monastère portant le nom des saints Pierre et André, et les moines organisèrent l'accueil des pèlerins et des voyageurs. Parallèlement, l'abbé nommé place sous sa juridiction religieuse et civile les trois villages de la vallée de Cenischia, Venaus, Novalesa et Ferrere. A la mort du fondateur, des possessions dans le royaume franc s'étendant jusqu'à Grenoble, Lyon et Marseille sont attribuées par testament à l'abbaye. Sa position et le fait qu'elle gravitait dans l'orbite franque auraient déterminé la victoire des Francs contre les Lombards de Desiderius aux écluses de Suse. On raconte même que Charlemagne aurait séjourné à plusieurs reprises dans le monastère. Ce fut l'une des périodes les plus prospères pour l'abbaye. Au IXe siècle, l'empereur Lothaire II confirma les anciens privilèges et exemptions à l'abbé de l'abbaye, qui était également évêque d'Ivrée. La première règle monastique que se donnent les moines est celle de saint Benoît, voulue par Ludovic le Pieux ; la figure qui domine le siècle est celle de saint Eldred, issu d'une famille très riche, il revêt l'habit et œuvre en faveur de la population de la région, à tel point que l'écho de sa sollicitude est resté dans les légendes. C'est l'une des périodes les plus prospères pour l'abbaye, mais d'épais nuages s'amoncellent à l'horizon : les Sarrasins poursuivent leurs raids en Italie et en France, et de la Côte d'Azur une horde se dirige vers Novalesa, probablement attirée par des rumeurs sur les richesses de l'abbaye. L'abbé de l'époque en entendit parler, rassembla les vêtements et le mobilier sacré, ainsi que des centaines de volumes, et se rendit à Turin avec les moines, trouvant l'hospitalité dans une église près de l'actuelle Consolata. Le marquis d'Ivrée accorda sa protection aux moines en leur donnant Breme, en Lomellina, où ils s'installèrent, désormais hors de l'orbite franque, italiens à toutes fins utiles. Les Sarrasins atteignirent le couvent, le saccagèrent, le détruisirent et y mirent le feu, faisant également des victimes parmi la population. La chronique de cette période a été racontée par un moine anonyme, qui a recueilli l'histoire et les légendes en mélangeant des éléments franco-germaniques et italiens, créant ainsi une œuvre singulière. Entre-temps, au XIIe siècle, l'abbaye de Breme avait reçu la juridiction sur toutes les immenses possessions de Novalesa et, par l'intermédiaire de son abbé, elle exerçait son pouvoir sur un vaste territoire, tandis que Novalesa tentait de se redresser. Au XIIIe siècle, l'abbaye de Brême obtint l'exemption en matière civile et judiciaire, devenant ainsi soumise uniquement à la Curie impériale, mais elle fut dévastée à plusieurs reprises par les Milanais. Le déclin de Breme s'amorce alors, permettant à Novalesa de tenter de retrouver son autonomie, mais les moines sont peu nombreux. Au XVe siècle, le monastère fut confié en administration (commenda) à un franciscain qui était également le confesseur de Louis de Savoie. Malheureusement, cette institution juridique signifiait que les commendataires, agissant dans leur propre intérêt, se mêlaient des affaires de la communauté. Au XVIe siècle, la Novalesa est impliquée dans les guerres entre la France et l'Espagne, avec l'ingérence constante de la famille de Savoie, qui demande et obtient des moines une relique de saint Laurent pour la donner au roi d'Espagne qui souhaite la placer dans l'église de l'Escurial. Entre-temps, le pape Clément VII a restitué le titre d'abbaye à Novalesa. Entre-temps, les commendataires se succédèrent, jusqu'à ce que l'un d'entre eux, voyant qu'il ne restait plus que trois moines, prenne contact avec les cisterciens réformés de saint Bernard, qui arrivèrent à Novalesa alors qu'il ne restait plus qu'un seul bénédictin. Pendant un certain temps, une situation curieuse s'installa, les moines priant dans la solitude et les ducs de Savoie s'appropriant les bénéfices ecclésiastiques, jusqu'à ce que la République cisalpine, établie après l'arrivée de Napoléon, décrète la suppression de la Commende et de la communauté ecclésiastique : les moines furent contraints de se réfugier ailleurs et les biens furent confisqués par l'État. Napoléon décida de renforcer l'hospice du col de Moncenisio, car il en avait besoin pour faire passer ses hommes. Il le confia donc aux abbés de Tamié et imposa l'observance de la règle bénédictine, donnant également à l'hospice le couvent des capucins de Suse et l'abbaye de Novalesa. En 1818, l'abbé qui dirigeait l'hospice décida de rouvrir Novalesa, mais pour peu de temps, car en 1855, le gouvernement savoyard promulgua une loi supprimant toutes les abbayes du royaume ; derrière cette décision, il y avait certainement des raisons économiques, l'argent étant nécessaire pour financer les guerres d'indépendance Quelques années plus tard, en effet, l'abbaye fut vendue à un particulier qui en fit un établissement hydrothérapique, et dans l'église, à la place de l'orgue, jouait un petit orchestre... L'initiative n'a pas abouti et le lieu est devenu par la suite le siège de l'internat national Umberto I de Turin. En 1973, la Novalesa fut finalement achetée par la Région ; elle était en piteux état, et les travaux de restauration commencèrent immédiatement ; en même temps, invités par la Région, quatre moines bénédictins arrivèrent du couvent de San Giorgio à Venise ; peu à peu, la prière et le travail revinrent rythmer les heures de l'abbaye.
La visite
A droite, en entrant, on traverse une salle où se trouve une maquette de l'ensemble, on entre dans une cour et on arrive dans une petite salle où les moines vendent des produits fabriqués par l'ordre, des livres, et où l'on peut commencer la visite guidée ; en théorie la visite est gratuite, mais les plus belles fresques se trouvent à l'intérieur de la chapelle de Saint Eldrad, qui est fermée, seul le guide peut vous accompagner pour les voir. A côté de la petite boutique se trouve également un petit musée, dont les fenêtres donnent sur le cloître, qui possède un beau puits, et qui ne fait pas partie de la visite car il est destiné aux moines, qui s'occupent de la restauration de livres et de documents anciens. La visite commence par l'église ; lors de la restauration, on a retrouvé le plan de l'église primitive, datant des VIIIe et IXe siècles, ainsi que les vestiges de quelques fresques médiévales à gauche du maître-autel. Le clocher date d'environ 1730. En quittant le complexe et en le contournant par l'ouest, on pénètre à nouveau dans le périmètre et on peut visiter quelques chapelles ; la première que l'on rencontre est celle du Saint-Sauveur, reconstruite dans la seconde moitié du XIe siècle. Les moines les plus anciens résidaient près de cette chapelle ; au milieu du XIXe siècle, elle a été réduite à une résidence privée et les fresques ont toutes été perdues, à l'exception de traces sur l'arc de triomphe. Depuis 1963, elle est ouverte au culte par l'association Combattenti, qui en a fait un sanctuaire. L'atrium était une tour construite au VIIIe siècle et démolie à la hauteur des murs d'enceinte de l'église. Derrière cette chapelle, en hauteur, se trouve la chapelle Saint-Michel, de la même époque, qui possède des fresques, mais qui, ayant été utilisée comme remise à outils, est dans un état de ruine et a besoin d'une restauration urgente. En descendant vers l'ouest, on atteint la chapelle des saints Eldrad et Nicolas, construite aux Xe et XIe siècles et précédée d'un atrium du XVIIe siècle. Les fresques parfaitement conservées datent du XIe siècle ; dans l'abside se trouve la dédicace d'un abbé de Brême qui a régné sur Novalesa entre 1060 et 1096, ce qui permet d'attribuer une date certaine au cycle. La figure la plus imposante du cycle pictural est le Christ Pantocrator, assis sur une amande qui, selon l'iconographie de l'époque, est la chose la plus douce, l'intérieur d'une coquille rugueuse ; sur les côtés se trouvent saint Eldred et saint Nicolas, dont il semble qu'un soldat français ait rapporté une relique de Bari. L'autel était de nouveau centré, l'actuel étant un ossuaire contenant des reliques de martyrs et de bienheureux de Novalicia. La nef est idéalement divisée en deux parties, séparées par deux colonnes peintes, réunies au sommet par un arc ; une partie, celle qui se trouve vers l'autel, est consacrée au cycle de saint Nicolas, l'autre, vers l'entrée, à celui de saint Eldrad, à leur vie et à leurs miracles. Au-dessus de la porte d'entrée, à l'extérieur, se trouve une belle fresque du Jugement dernier. En sortant de l'abbaye, on aperçoit sur la droite, au milieu de la prairie, la chapelle Sainte-Marie du VIIIe siècle. Avant de quitter l'abbaye, vous pouvez faire un tour dans la petite boutique de miels, tisanes et autres produits fabriqués par les moines ; à l'extérieur, en face, une petite boutique de produits du terroir, salaisons et délicieux fromages...
Informations sur la visite
Veuillez consulter la rubrique horaires sur le site
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